5 Juin 2019
Salut salut ! La semaine dernière, je vous ai proposé mon avis sur une mise en scène du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, par Gaspard Legendre. Cette fois-ci, voici la même pièce mais mise en scène par Raphaël Mondon.
La pièce se passe dans les années 50, dans un salon aisé. L’action ne se fait pas attendre, et on apprend que la jeune Silvia va se marier avec un certain Dorante qu’elle n’a jamais vu. On ne dit que d’admirables choses sur lui, mais ce ne sont que des « on dit », ce qui inquiète Silvia. Et si elle n’aimait pas cet homme ? C’est alors qu’il lui vient une ingénieuse idée : se déguiser en sa soubrette pour l’observer à loisir. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que le fameux Dorante a eu la même idée. Pensez-donc à ces coquins de père et frère de Silvia, qui manigancent toute cette affaire dans le dos des uns et des autres…
Alors, nous y voici. Cette fois, j’étais au deuxième rang et il n’y avait pas d’enceinte à côté de mois. Mais les conditions n’ont pas joué en ma faveur. En fait, j’ai eu l’impression d’avoir manqué des passages, alors qu’un débat à la fin de la représentation m’a confirmé que c’était la mise en scène de Gaspard Legendre qui avait été coupée pour s’adapter à un public étranger. Ensuite… Oh, il faut absolument que je vous parle du jeu des acteurs. J’ai encore apprécié le jeu de Silvia et de sa suivante Lisette, mais je suis toujours sceptique sur celui d’Arlequin, le valet de Dorante, et de Mario, le frère de Silvia. Un costume argenté, une chemise lavante qui brille et une voix de fausset : voilà qui suffit à charmer Lisette. Par contre, les entrées en scène d’Arlequin avec des bandeaux sur le visage, les « youhouuuuuuu ! » à tout bout de champ auxquels répondent des roucoulements féminins et les attitudes vulgaires de ce personnage ne m’ont pas attirée. Je sais que le texte écrit par Marivaux attribue des paroles parfois grossières aux personnages, mais c’est plus la manière de jouer qui m’a rebutée. Parlons à présent de Mario. Sa première apparition est en costume… de pirate. De pirate. Avec les bottes en feutrine marron, qu’on attache par des sangles aux jambes et qui perdent toute leur inventivité lorsqu’on en vient à se tourner ou que nos pieds sont trop grands. C’était le cas. Un pirate avec un bandeau, une perruque, tout un attirail. Et ce choix justifié lors du débat par un « délire de metteur en scène. Je venais de voir Pirates des Caraïbes, alors j’avais envie de retrouver Jack Sparrow. »
Je vous laisse digérer. Est-ce-que vous avez déjà entendu ça ? Je trouve cela déplacé — pour ne pas dire scandaleux. C’est moins fort, parce qu’on rit quand-même, quelques fois. Et puis on a des attentes… pas toujours atteintes. Mais ce n’était pas la super joie non plus en sortant pour la deuxième fois de la salle de cinéma. À vous de voir ce que vous en pensez : je rappelle que j’ai préféré cette pièce jouée plutôt que lue, mais j’espère que si vous choisissez d’assister à des représentations du Jeu de l’amour et du hasard, vous en verrez de meilleures que moi.
@India - 17/05/2019