8 Mars 2019
C'est par curiosité que je suis allée assister à la pièce de théâtre "Hamlet", mise en scène par Jérémie Le Louët, alors même que je ne connaissais rien à l'histoire. Je savais par quelques bouches alentours que certaines mises en scène passées avaient été fabuleuses, alors autant vous dire que je partais avec de très bon a-prioris, qui ont rapidement dégringolé.
Après la mort de son père Hamlet monte sur le trône et devient prince du Danemark. Mais cette fonction ne lui convient pas. Deux mois plus tard, le jeune homme entend son père lui parler et voit son fantôme ; mais ces situations le prennent de court quand son oncle Claudius, qui a épousé sa mère veut l'envoyer en Angleterre - soit disant - pour le soigner de sa démence. Ce qui n'est pas dans les plans d'Hamlet, qui est persuadé que son père a été assassiné par son propre frère Claudius. Entre ses devoirs de prince et ses idylles avec la belle Ophelia qui ne se résoud pas à abandonner son amour pour lui malgré un mariage impossible, Hamlet cherche à démasquer Claudius et à venger son père.
Tout d'abord, j'ai trouvé le jeu d’acteurs assez bon en général. Mon personnage préféré reste quand même Hamlet, qui était difficile à jouer mais que Jérémie Le Louët (metteur en scène et comédien) a parfaitement interprété entre folie et génie. Ses répliques étaient vivantes, si bien que l'on percevait derrière un ton "quotidien" d'anciens vers ou répliques de Shakespeare. Lorsque des paroles étaient chuchotées, sa voix portait et je n'ai pas rencontré de problèmes particuliers de compréhension. Problèmes de compréhension ? Oui : quelques fois les acteurs criaient par dessus une musique ou un bruit de fond à fort volume, ce qui rendait la compréhension peu claire. Selon moi, il est intéressant de faire intervenir le domaine du sonore, mais pas dans le même temps qu'une réplique.
Pourtant, l'adaptation n'était pas du tout à mon goût. Juste parler dans un micro était un peu simple bien qu'originale grâce à la présence d'un caméraman qui filmait certains passages, retransmis sur un écran derrière lui. Tous ses déplacements ajoutés à la vigueur (peut-être un peu exagérée) des acteurs et aux comportements énergiques de deux amis d'Hamlet troublaient la perception. La superposition des décors (chandeliers sur roulettes ou cercueil dans un coin) m'a semblée ingénieuse mais on s'y perd vite. Le métathéâtre (le théâtre dans le théâtre) ne fait que renforcer cette impression, quand on ne sait plus si les personnages jouent un rôle et lequel. J'ai eu le sentiment que la mise en scène n'était pas au point, alors qu'en réalité, tout ce flou était une volonté du metteur en scène pour montrer le désordre dans lequel Hamlet est jeté.
Sans rien connaître de l'histoire, je vous confie qu'il est très difficile de se repérer. Par exemple, une des vidéos projetées sur l'écran du fond de la salle renvoyait les coulisses où la reine Gertrude, mère du prince Hamlet mettait aa perruque d’Ophélia. Connaissant l'intérêt de Skakespeare pour le déguisement et le jeu du travestissement, j'ai cru qu'il s'agissait de la même personne, alors que pas du tout. Ophelia et Gertrude sont bien deux personnages différents. Cela n'a fait que renforcer mon sentiment de perturbation.
Pour parler de la traduction : celle-ci était refaite, c'est-à-dire que je l'ai trouvée très moderne et absolument pas adaptée. Lorsqu'un personnage s'adresse au public en criant « allez vous faire enculer ! », ainsi que des doigts d’honneur, je reste sceptique. N'oublions pas que c'est une pièce de Shakespeare, et même si, vulgairement, c'était un sacré bonhomme, notre William, je ne crois pas que ce soit ce qu'il ait voulu dire. Il y eut des éclats de rire mais j'étais choquée. Contrairement aux répliques du personnage principal, où je pouvais entendre la rythmique des alexandrins sous un discours "à la sauce de la modernité", je n'ai pas retrouvé les beaux vers et les belles tournures de phrases (« ce doit être un tic de famille » est un peu vulgaire - vulgaire dans le sens du langage courant). Il y avait certains mots en anglais, comme : « listen to me » ou « shut your fucking mouth ». Qu'en pensez-vous ? Je me disais que s’il y a bien une chose qui aurait dû être en anglais, ç’aurait été la tirade d’être ou ne pas être ! Il est vrai que le metteur en scène est libre avec une pièce qu'il adapte, mais cette pièce ne m'a pas charmée comme je le pensais.
Enfin, terminons sur une petite touche de contentement, les jeux de lumières partageaient bien les actes. Certains passages étaient émouvant, comme la dernière réplique de Laërte, le frère d'Ophelia à la fin. J'ai trouvé quelques repères dans une réplique philosophique remettant en cause la responsabilité d'Hamlet dans un crime en comptant sa folie. Ce qui m'a surtout intéressée est que le public fait intégralement partie de la pièce. Le rôle du spectateur est de faire vivre cette relation entre le public et la scène. Pour conclure, j'ai trouvé quelques rapports scéniques intéressants mais pas la pièce en elle même. On peut comprendre avec du recul que la société de nos jours (appartements, salaires, conds de vie...) est remise en cause.
@India - 19/02/2019
PS : Si je puis me permettre une petite anecdote importante : quand vous allez au théâtre, n'oubliez pas que vous n'êtes pas tout seul ! Derrière moi étaient d'insupportables dames d'âge avancé, qui parlaient de caramels et des 40 ans de je ne sais qui... Respectez les acteurs qui vous présentent leur pièce, et même si vous n'aimez pas, baillez discrètement et pas à gorge déployée comme cette personne à l'autre bout de la sale !
Et profitez, c'est important. Trouvez ce pourquoi vous avez aimé ou non une pièce.