1 Février 2018
Je n'étais pas trop présente ces derniers temps à cause de semaines bien remplies ; je reviens donc d'attaque pour le mois de février. Voilà que je termine, après bien des efforts, Le Jeu de l'amour et du hasard de Pierre de Chamblain de Marivaux. C'est une comédie composée de trois actes, et d'où ressort en particulier le jeu du déguisement.
Silvia apprend par son père Monsieur Orgon qu'elle va se marier. Afin de connaître un peu le mari qu'on lui destine, elle invente un strtagème de déguisement avec sa suivante Lisette : elle se fera passer pour la domestique et Lisette se fera passer pour la maîtresse. Un rôle qui attire Lisette : c'est un rêve pour une servante que de prendre la place de sa maîtresse (comme on le voit dans Les Bonnes de Genet). Cependant, ce qu'elles ignorent et ce que Monsieur Ogon et Mario, le frère de Silvia leur ont volontairement tu, c'est que Dorante, le futur mari de Silvia, a recouru à la même idée. Il prendra la place de son valet Arlequin et celui-ci son rôle de maître. Tous prennent alors leur place, et lorsque Dorante arrive chez Monsieur Orgon, il s'empresse de faire la connaissance de Silvia, qu'il croît être la suivante de sa maîtresse. La connaissant mieux, il pourra obtenir des informations sur la jeune femme qu'il doit épouser. Mais ce à quoi Dorante ne s'attendait pas, c'était de tomber amoureux de Silvia... De son côté, Arlequin ne cache pas ses penchants burlesques et séduit rapidement Lisette ; qu'il croit de bon rang. Chacun sa bonne fortune. Pourtant, un jour les masques devront tomber, car le notaire arrivera, et les amours en place seront plus ou moins contentés par mariage.
Malgré les différences sociales qui relient les personnages, ils jurent de s'aimer malgré tout, ce que j'ai trouvé très touchant :
ARLEQUIN : Hélas, quand vous ne seriez que Perrette ou Margot, quand je vous aurais vue le martinet à la main descendre à la cave, vous auriez toujours été ma Princesse.
La trame est simple, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Un parallèle avec Les Acteurs de Bonne Foi de Marivaux, dans laquelle une pièce de théâtre s'enchasse dans une autre, avec des masques, des rôles et des faux semblants... Heu, le métathéâtre (le théâtre dans le théâtre) on aime, mais il ne faut pas non plus en abuser.
Un léger avertissement : surtout, NE LISEZ PAS LA PRÉFACE AVANT L'HISTOIRE ! En cours de français, on nous dit sans arrêts qu'une bonne L se doit de lire les préfaces. Bon j'ajoute que les autres sections aussi, mais il faudrait prévenir quand TOUTE L'HISTOIRE EST RÉVÉLÉE DANS LA PRÉFACE ! Mais… Et bien oui, cela ne sert plus à rien de lire le livre alors. Je l'ai lu parce que je n'allais pas m'arrêter là, cela n'aurait pas fait très sérieux. Je pensais en commençant le livre que, comme beaucoup d'images de représentations étaient présentes dans divers livres de français, la pièce devait être exceptionnelle. Ou avoir quelque chose d'exceptionnel. La désillusuion s'est emparée de moi.
Si on se penche un peu sur les noms, voyons que Lisette est un nom habituel de suivante (aussi donné dans Les Acteurs de Bonne Foi de Marivaux), Dorante un nom de la comédie traditionelle, Arlequin un surnom tiré de la comedia dell'arte italienne (que l'on retrouve dans l'Île des Esclaves du même auteur), Silvia et Mario des noms espagnols, et Monsieur Orgon possède un nom de famille français. Là dessus, j'aurais besoin de quelques éclaircissements quant au choix des noms. Pourquoi ont-ils tous des noms d'origines différentes ? C'est étrange et perturbant... Je me demande également si Marivaux s'est inspiré de Molière : sa pièce devait d'abord s'appeler Arlequin, gentilhomme malgré lui, ce qui me rappelle les titres le Bourgeois Gentilhomme et le Médecin malgré lui. Un petit mixte des deux.
Face à un bilan peu positif de mon pont de vue, je vous laisse réfléchir. Bien que très classique et connue du monde théâtral, je ne trouve pas que cette œuvre soit exceptionnelle. Si néanmoins vous êtes tentés, n'oubliez pas de lire là préface À LA FIN. Elle révèle énormément de choses sur l'auteur, le contexte d'écriture et l'intrigue. Et puis c'est toujours intéressant de se cultiver.
@India - 01/02/2018