26 Février 2018
J'ai lu Rebecca de Daphne du Maurier pour mon cours de littérature anglaise, donc forcément en anglais. Quand je l'ai vu, j'ai été effarée de ce pavé de 380 pages écrit en tout petit. De plus, je ne suis pas très douée en anglais, encore moins niveau lecture, alors on allait aller loin... Mais en réalité, j'ai réussi à le lire grâce à ma persévérance et surtout grâce à mes camarades qui disaient que dès le chapitre 7 on ne lâchait plus le bouquin. Bon, ma persévérance… C'est-à-dire que j'étais un petit peu obligée de le faire.
La narratrice, dont on ne connaît ni le nom, ni l'âge, est une très jeune fille au service de l'acariâtre Mrs. Van Hopper. Elle rencontre Maximilien de Winter en France, et tous deux se lient d'amitié. Elle le connaissait bien évidemment comme tout le monde à cause de la nouvelle répandue presque un an auparavant de la mort de son épouse, Rebecca. Un jour, Mrs. Van Hopper reçoit une lettre de sa fille lui disant qu'elle part naviguer le long de la côte Etats-Unienne. Pris d'un engouement de changer d'air, Mrs. Van Hopper prépare ses affaires et la jeune demoiselle, uniquement liée à elle grâce à son salaire de demoiselle de compagnie, est obligée de la suivre. Tous les préparatifs se font en une soirée, et il se trouve que ce jour-là, Maxim est absent. Le lendemain, la narratrice court chez son ami pour lui annoncer son départ. Elle s'est attachée à cet homme, et en est tombée amoureuse - bien qu'il ait quarante-deux ans, soit le double de son âge. La perspective de ne plus jamais le revoir la chagrine tant qu'elle ne veut pas s'attarder. Il lui reste encore à changer les places de train pour un qui partirait plus tôt. Cependant, Maxim la retient : il lui demande si elle préfère suivre Mrs. Van Hopper ou venir avec lui à Manderley, sa propriété située à six heures de Londres. Ne comprenant pas bien, la jeune fille pense qu'il a besoin d'une secrétaire ou d'une assistance dans ce genre là. Ses rêves les plus fous sont dépassés de manière fulgurante quand il lui demande de l'épouser. Bien sûr. Elle laisse Maxim annoncer la nouvelle à Mrs. Van Hopper et s'en va avec lui à Manderley. Elle jubile. Dans ses rêves elle allait à Manderley, encore et encore. Elle va devenir Mrs. de Winter. Mais ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'était à trouver un personnel qui n'a pas oublié la feu Rebacca de Winter. Encore moins l'intendante Mrs. Danvers, veille amie intime de Rebecca qui la connait depuis sa naissance. Dès son arrivée, celle-ci méprise la jeune narratrice au point de lui jouer les plus mauvais tours. Poussée à bout par la veille femme, l'héroïne se verra révéler des secrets inattendus par son mari, qui l'amèneront à douter de Rebecca ; du moins de l'idée qu'elle avait d'elle.
J'ai effectué une énorme erreur. Comme je ne comprenais rien au début (au début, environ le chapitre 6), je me suis dit que j'allais juste lire un résumé sur Wikipédia afin d'avoir un aperçu rapide... Normallement je ne fais jamais ça, je crois que j'ai été tentée par les commentaires positifs que ce livre à reçu, tels "A masterwork… The magic is as heady as ever", Houston Post ; "Unforgettable… A well-written, richly detailed mystery", Cincinnati Enquirer ; "Excellent … Mastery from surprise to surprise", The Christian Science Monitor ; "Ingenious, exciting and engagingly romantic", London Times Literary Supplement ; "The relentlessness of a vivid nightmare", Boston Herald and "Du Maurier is in a class by herself", New York Times. C'est comme ça que, emportée par le suspense du résumé, je me suis spoilé toute l'histoire. Ah bah oui, bravo, il me restait encore 345 pages à lire et je connaissais déjà toute l'intrigue. Ne le faîtes absolument pas ! Sauf si c'est la fin des vacances et que vous en êtes à la page 12… Là c'est une bonne idée.
J'ai bien aimé l'histoire, mais je ne voyais pas de quel "étonnant suspense" les journaux ci-dessus parlaient... Peut-être parce que je connaissais déjà une bonne part de l'intrigue. Pourtant, j'ai fini par découvrir l'intrigue entière et je n'ai pas trouvé que le suspense était "haletant". Bon. C'est mon pont de vue. Sinon l'histoire était bien, très inattendue à la fin : justement la fin, quelqu'un m'explique ? C'est quoi cette fin ?! Je me calme… Concernant le personnage principal, je trouve extrêmement perturbant que l'on ne connaisse pas le nom de la jeune femme. Il est possible de deviner son âge, mais son nom reste caché. Elle a une vie un peu langoureuse mais j'ai tout de même trouvé de quoi rire : par exemple elle un un très bon sens des mensonges :
"What have you been doing this morning?"
[…]
"I've been playing tennis with the professional", I told her, the false words bringing me to panic, even as I spoke, for what if the professional should come up to the suite, then, that very afternoon, and bursting in upon her complain that I had missed my lesson now for many years?
Je ne traduis pas car en français cela perdrait tout son sens. Je me suis assez bien identifiée à elle, grâce à sa jeunesse et à ses pensées surtout :
"[…] I like being alone", I said.
"Do you, by Jove? What an extraordinary thing. It's all wrong, you know. Against nature."
Comment ça "contre nature" ?! 😂 Moi j'appelle ça se moquer du monde. Si elle aime - et moi aussi, laissez nous aimer enfin ! (Je vous mets la suite de la citation qui est assez marrante :)
"How long have you been married? Three months, isn't it?"
"About that", I said.
"I say, I wish I'd got a bride of three months waiting for me at home! I'm a poor lonesome bachelor."
😂 La pauvre jeune fille a dût se sentir tellement mal pour le (cela dit en passant) cousin de Rebecca. Autre situation assez gênante) :
I heard the telephone ring while I was at breakfast and I thought perhaps Frith would come into the dining-room and say: " Mr. de Winter on the telephone, Madam." I had put down my napkin and had risen to my feet. And then Frith came back into the dining-room and gave me the message.
He saw me push my chair and go to the door. "Mr. de Winter has rung off, Madam", he said, "there was no message. Just that he would be back about seven."
I sat down in my chair again and pick up my napkin. Frith must have thought me eager and stupid rushing across the dining-room.
"All right, Frith. Thank you," I said.
Horreur ! Ça c'est le genre de trucs qui m'arrivent et j'aimerais beaucoup remonter le temps pur annuler mon action si stupide… On adore, very nice.
Le personnage que j'ai préféré est celui de Béatrice : la sœur de Maxim. Elle inspire confiance et c'est une femme directe et attentive aux autres. La première phrase du livre : "Last night I dreamt I went to Manderley again" se retrouve sous une autre forme un peu plus loin : "He came to Manderley yesterday" ; je me suis dit que décidément tut le monde allait à Manderley. La description qui est est faite donne un lieu de vie riche et flamboyante, de sorte que moi aussi, I want to go to Manderley. L'évènement du bal, maintenant : parlons-en. Déjà, avant le bal Maxim était adorable, à fond sur son idée de déguisement en Alice-in-Wonderland et Frank sur Joan of Arc. J'ai fais une pause dans ma lecture avant de découvrir les réactions des invités devant la robe surprise de la narratrice… Je n'aurais jamais dut m'arrêter là. Vous comprendrez pourquoi. Je me disais que j'apprécierais plus tard l'engouement du chapitre… On était bien partis et soudain, surprise ! Je n'en dis pas plus. J'aimerais bien commenter le moment phare du livre (dans mon édition page 266) : vous verrez que ce moment palpitant est typique d'un rimant policier ! C'est excellent !
En définitive, ce livre était long à lire mais assez agréable, où le peu de suspense que j'y ai vu se manifestait souvent à la fin. On rit, on pleure, notamment lorsque la narratrice se demande si elle n'a pas raté son mariage. Les personnages sont très attachants et se comprennent bien les uns les autres : quand à table ils parlent de la confiture de fraise, de la France, de la Chine, du curry :
"I'm found of curry," said Frank.
"Ah, it's not curry at all in England, it's hash," said Colonel Julyan.
… Tout ça pour éviter de parler du bateau. Vous découvrirez vite de quel bateau il s'agit. J'espère que je vous aurais donné envie de lire ce livre grâce à toutes ces citations qui rendent l'article long ; mais qui donnent une vue du style d'écriture. Ne vous en faîtes pas, même si vous ne comprenez pas tout en anglais, l'essentiel se comprend. Et au bout de 380 pages, on acquiert une certaine habitude. Vous pouvez aussi le lire en français 😅 et là je me demande à quoi je sers...
@India - 26/02/2018